Le Pacte Finance Climat est une initiative portée par le climatologue Jean Jouzel et par l’économiste Pierre Larrouturou. Ils proposent de mobiliser 1100 milliards d’euros par an au niveau de l’Union Européenne en faveur de la transition énergétique et écologique, qui serait l’équivalent d’un « Plan Marshall » pour le climat.
Jean Jouzel et Pierre Larrouturou font le constat de l’urgence de la réponse à apporter face au dérèglement climatique. Le dernier rapport du GIEC montre que climat s’est déjà réchauffé de 1°C et que si rien ne change, le réchauffement climatique atteindra 1,5°C entre 2030 et 2052 puis 3°C en 2010. Or, chaque dixième de degrés en plus aggravera la situation : montée des eaux, augmentation des températures et des épisodes caniculaires, sécheresses, feux de forêts, modification des milieux qui mettent à mal la biodiversité et les conditions de vie de certaines populations, etc.
Or, pour le moment les engagements pris par les gouvernements, notamment après l’accord de Paris de 2015, ne sont pas suffisants. D’après Erik Solheim, directeur du Programme des Nations Unies pour l’Environnement, ces engagements pris couvrent à peine 1/3 des réductions nécessaires pour éviter le réchauffement à deux degrés. En 2017, les émissions de gaz à effet de serre ont encore augmenté en France, alors qu’elles devraient diminuer.
Un Pacte Finance Climat pour financer la transition énergétique et écologique
Agir pour la transition énergétique coûte très cher, car il faut investir massivement dans les économies d’énergies, dans les énergies renouvelables ou encore développer des infrastructures de transport durables. La Cour des comptes européenne estimait à 1115 milliards d’euros le montant à mobiliser chaque année, entre 2021 et 2030 pour atteindre les objectifs de diminution des gaz à effet de serre que l’Union Européenne s’est fixée. En contrepartie, les investissements pour la transition énergétique pourront créer massivement des emplois, l’ADEME estime qu’il pourrait y avoir plus de 800 000 emplois net créés en France (en comptant les emplois qui disparaîtront du fait de l’arrêt de certaines activités).
La première proposition du Pacte Finance Climat serait de créer une Banque de Développement Durable pour l’Union Européenne. Il s’agit de faire en sorte que la création monétaire de la Banque Centrale Européenne aille vers des projets concrets de lutte contre le changement climatique, au lieu d’alimenter la spéculation comme cela se passe actuellement. Pierre Larrouturou rappelle que depuis 2015, la BCE a créé plus de 2500 milliards de d’euros pour soutenir la croissance. Cet argent a été mis à disposition des banques commerciales mais celles-ci ont accordé seulement 300 milliards de prêts (pour les entreprises et les ménages), le reste partant dans la spéculation financière. Si cet argent était fléché vers des investissements durables, il profiterait directement à l’économie et à l’emploi.
Le deuxième élément du Pacte Finance Climat serait de créer une Contribution Climat, via un impôt européen de 5% sur les bénéfices des entreprises. Cela pourrait permettre de dégager plus de 1000 milliards d’euros par an, ce qui correspond aux sommes à investir pour atteindre les objectifs de réduction des gaz à effet de serre que s’est donnée l’Union Européenne. Aujourd’hui, l’impôt sur les bénéfices est proche de 20% en Europe (mais inégal entre chaque pays, entraînant une forme de dumping fiscal entre états), alors qu’il est de 35% aux États-Unis.
Un Pacte Finance Climat qui compte de nombreux soutiens
Jean Jouzel et Pierre Larrouturou parcourent l’Europe pour proposer leur Pacte, et ont obtenu de nombreux soutiens : économistes, chercheurs et scientifiques, personnalités de la société civile comme Cyril Dion, Yann Arthus-Bertrand ou Marie Monique Robin. Plus de 200 élus et des collectivités locales (le département de la Loire, la métropole de Bordeaux, etc.) soutiennent aussi cette démarche, qui pourra permettre aux territoires d’être à la hauteur des enjeux climatiques. L’ADEME a aussi apporté son soutien au Pacte Finance Climatî